Le mot de la fondatrice

Baya HAMMANI
Fondatrice de l’association Piân’Piâne
Chevalière de la légion d’honneur
Retraitée de l’Éducation Nationale.

Un parcours professionnel et personnel engagé

En début de carrière, j’ai fait le choix de travailler auprès d’enfants en grandes difficultés scolaires et sociales. J’ai exercé à Lille, pendant 20 ans, dans des quartiers très défavorisés. Je me suis occupée de familles étrangères arrivant du Maghreb, d’Afrique ou d’Asie.
J’ai pris une disponibilité de plusieurs années pour mettre en place une association accueillant des jeunes délinquants, drogués ou sortis de prison.
En arrivant dans la région havraise, j’ai travaillé un an en classe spéciale « CLIS » à Saint-Romain de Colbosc, puis en CP, à Etainhus. J’ai terminé ma carrière à Oudalle, avec des CM1/CM2 .

Constats et stratégies

Au cours de ma carrière, j’ai constaté que certains enfants ne s’adaptent pas au système scolaire et à notre société : j’ai donc recherché des stratégies pédagogiques diversifiées s’appuyant sur des projets concrets.
J’ai imaginé un palier entre les CM2 et les 6èmes, pour consolider leurs connaissances.
Les difficultés à entrer dans les apprentissages étant souvent liées aux problèmes familiaux et sociaux,des règles sociales et civiques ont été mises en place afin de permettre aux enfants de s’adapter à la société.

J’entends par connaissance, l’accès au savoir, le désir d’apprendre. J’entends par social tout ce qui touche à la relation, la communication, le civisme. En en prenant conscience l’enfant devient le moteur de ses apprentissages et se situe dans la société.

Un projet, une graine

Un été, je suis partie en randonnée avec un âne. Sa prudence, sa patience, sa confiance, sa facilité d’adaptation à différents maîtres m’ont révélés qu’il pouvait être le moteur de mon projet.
Après cela, j’ai acheté une ânesse. Elle attendait un petit !
Il a fallu l’apprivoiser car elle était très craintive (bon apprentissage personnel !), user de beaucoup de patience, dominer mon envie d’aller plus vite.
En octobre, la petite ânesse est née.
Le lendemain, j’ai annoncé la naissance à mes élèves et, deux d’entre-eux (ceux qui me préoccupaient) ont demandé à la voir. Progressivement, ces deux enfants sont venus tous les mercredis, à la ferme, avec un contrat :
1 heure de soutien scolaire / 1 h de travail avec les ânes.

Mon projet initial prenait sens et je l’ai mis en pratique de janvier à juin 2001.
Ces deux enfants en échec scolaire et social refusaient des invitations à des anniversaires parce qu’il y avait « les ânes » : j’étais enthousiasmée !
Le déclic s’est fait aussi en entendant Kévin, un enfant très marqué affectivement et socialement prendre Folie (l’ânesse), par le cou et lui dire : « Folie, je t’aime. Je t’adore ».
Le projet fonctionnait, il devait continuer en créant une association…

Naissance de l’association et « premiers pas »

Avec des amis, nous avons rédigé les Statuts. L’association « Piân’Piâne » est née officiellement en septembre 2002.

Elle était animée par de nombreux enseignants, des éducateurs, des bénévoles et des adeptes de la randonnée avec les ânes.
Nous avons d’abord fonctionné avec 10 enfants de 6 à 11 ans, 2h chaque mercredi :

  • 1h de travail « dit scolaire » (recherches, poésies, lectures, histoires en lien avec l’âne)
  • 1h de « travail de médiation avec les ânes »

Chaque atelier était encadré par 2 étudiantes et 2 âniers.

Depuis 2002, Piân’Piâne évolue et se transforme grâce à nos compagnons, les ânes : des médiateurs pour tous.

Baya Hammani